Entré au barreau à dix-neuf ans, Pierre Liège fit une longe carrière en qualité d’avocat au présidial de Poitiers, dont il ne cessera tout au long de son existence de recueillir méticuleusement les décisions ainsi que les arrêts intervenus en appel des sentences de cette juridiction. Analysant cette jurisprudence au regard des dispositions de la coutume de Poitou et fort des consultations fournies à ses clients, il accomplit un travail de recension, que son fils, Étienne, livra au public plusieurs années après la mort de son père sous le titre : Commentaires sur la coustume du comté et pays de Poitou, anciens ressorts et enclaves d’iceluy. Avec le procès-verbal de messieurs les commissaires de la réformation de la coutume, et les sommaires ; et un autre indice sur chacun titre, et les tables des titres ou rubriques. Receüillis par maistre Pierre Liège, avocat en parlement et doyen au siège présidial de Poitiers, revue et corrigée par plusieurs anciens avocats dudit présidial de Poitiers.

Paru dans cette ville en 1695, chez Jean Courtois, imprimeur et marchand libraire au palais, l’ouvrage est dédié au barreau de Poitiers par Étienne Liège, lui-même y étant avocat, comme l’avait été précédemment son père. Ce dernier s’inscrit résolument parmi les défenseurs du droit coutumier que seuls, selon lui, les tribunaux locaux et les cours souveraines sont à même d’interpréter. Et de souhaiter faire apparaître la spécificité des coutumes par rapport au droit romain dont il conteste le magistère intellectuel exercé sur nombre de jurisconsultes. Aussi Pierre Liège se montre-t-il critique vis-à-vis de son devancier Pierre Rat, lequel s’est à son goût trop inspiré du droit savant dans ce qu’il nomme son « docte et laborieux commentaire en latin » sur la coutume de Poitou. Pour autant, celui de notre auteur n’est pas non plus exempt de reproches, lesquels se font volontiers acerbes sous la plume de Dreux-Duradier1. De fait, Liège n’est sans doute pas le meilleur commentateur de la coutume de Poitou. Son œuvre fait même assez pâle figure à côté de celle de son contemporain Joseph Boucheul (1639-1706). Mais à défaut d’être savante, elle n’en constitue pas moins le travail d’un honnête praticien et, à ce titre, elle fut souvent citée et, partant, mérite d’être encore consultée.